Saturday, January 19, 2008

Le cout économique des politiques vertes

Il y a récemment eu beaucoup de bruit à propos des « coûts » reliés à l’implantation du protocole de Kyoto au Canada. Bien que je sois d’accord qu’atteindre l’objectif absolu de réduction de GES d’ici 2012 entrainerait des coûts exorbitants, on peut toujours se poser la question suivante; y a-t-il quoi que ce soit qui, économiquement, vaut la peine d’être fait?

Quand on y pense, ne serait-il pas extrêmement surprenant que la totalité des mesures possibles de réduction de CO2 ait une incidence négative sur l’économie? (C.-à-d. coûteraient plus cher que la valeur des bénéfices qu’elles apportent). Ne serait-il pas bénéfique d’essayer d’identifier les coûts associés à de telles mesures?

En fait, Vattenfal, une compagnie suédoise dans le domaine de la production d’énergie, s’est précisément attelée à cette tâche. Il semble que les résultats soient encourageants; plusieurs initiatives pourraient être mises en place à un coût économique négatif, tout en ayant des effets environnementaux bénéfiques. C'est-à-dire, dans le cas ou elles seraient adoptées, ces mesures augmenteraient la croissance économique.

Observez le graphique ci-bas (un « cost of abatement» négatif est indicatif d’une mesure qui non seulement réduirait les émissions de CO2, mais aurait des impacts économiques positifs)

Source: http://www.vattenfall.com/www/ccc/ccc/569512nextx/573859globa/574118cost/index.jsp


A la lumière de cette investigation, il me semble qu’une grande partie de l’opposition nord-américaine à la réduction des émissions de CO2 tient plus du discours idéologique borné à saveur non interventionniste plutôt que de s’en tenir à une analyse économique rationnelle. Pour l’esprit ‘basé résultat’, cette position est difficile à soutenir. Si les gouvernements, plutôt que d’en faire des débats idéologiques, considéraient les mesures proposées strictement d’un point de vue économique et accélérait le processus d’approbation sur cette base, n’aurions-nous pas une situation gagnante pour tous?

Le magazine The Economist avait ce qui suit à dire au sujet de la recherche de Vattenfal: (traduction libre):

"Les économistes préfèrent généralement éviter l’imposition de règle qui spécifie ce que les compagnies doivent produisent et comment elles doivent le faire, parce que l’allocation des ressources requiert alors une intervention des gouvernements plutôt que du marché, ce dernier étant plus efficace. Mais si, comme dans ce cas, le bien privé et public est en cause et que le marché ne semble pas faire son travail, il y a justification pour que le gouvernement lui donne un coup de pouce. » (The Economist, 2 juin 2007, Page 9)

Bien que je n’aie pu trouver d’article qui aurait reproduit les investigations de Vattenfall pour le Canada, voici une étude conjointe Conference Board/McKinsey qui offre les détails pertinents à l’économie américaine :

http://www.mckinsey.com/clientservice/ccsi/greenhousegas.asp



Ce qu’ils ont trouvé est surprenant : « 40 % des réductions identifiées pourraient générer des bénéfices nets pour l’économie ». Ils ajoutent : « Ces bénéfices peuvent, en grande mesure, compenser pour la presque totalité de la balance des coûts du capital, opération et maintenance ». Bien que cela constitue d’excellentes nouvelles en soit, je ne mettrai pas l’emphase sur cette dernière affirmation puisque certains pourraient arguer que l’argent épargné pourrait être investi ailleurs en attendant que l’on obtienne confirmation des « véritables impacts » du réchauffement planétaire (je laisse le travail au lecteur de déterminer la quantité de recherche supplémentaire nécessaire pour qu’elle soit considérée ‘suffisante’).

Sur la base des conclusions des rapports Vattenfall et McKinsey, il semble que, à court terme, un cadre législatif gouvernemental doit être proposé. Et puisque la plupart des mesures investiguées dans ces rapports et ayant des effets économiques positifs ont déjà été codifiées et standardisées (et les technologies sont disponibles aujourd’hui), comme l’efficacité dans l’éclairage, l’électronique, les véhicules routiers et la construction résidentielle, c’est maintenant le temps de rendre ces standards effectifs.

À quoi tout ceci pourrait bien ressembler en terme concret? Par exemple, ça pourrait impliquer le bannissement des produits électroniques non Energy Star, l’adoption de code de constructions immobilières plus strictes. Dans le marché automobile, on verrait l’imposition de standards de consommation d’essence plus sévère.

Par contre, plus que la volonté politique, je crois que ce qui manque le plus est que les idéologues prennent un peu de recul et se demandent a quoi ils s’opposent réellement…

Tuesday, January 08, 2008

La carte électorale du Québec doit etre réformée

Durant les dernières élections provinciales au Québec, quelque chose a piqué ma curiosité : on a vu plusieurs annonces et discussions publiques au sujet d'initiatives et politiques ciblant les « régions ». Ceci semble être un thème récurrent et un thème que j'ai beaucoup de difficulté à assimiler d'un point de vue économique.

D'un point de vue démographique, les régions rurales Quebecoises sont en déclin et depuis un bon bout de temps maintenant. Ci-bas, vous trouverez la représentation graphique des données du dernier recensement (2006) de Statistiques Canada.




Tel qu'indiqué dans le document titré « Population and Dwelling Counts » et comme c'est le cas pour les autres provinces, le Québec s'urbanise (ou, plutôt, se "banlieusardize"). Les agglomérations urbaines sont les centres majeurs de l'emploi, de l'immigration et de la croissance.

Lorsque j'ai cartographié ces variations de population en rapport avec leur district électoral, voici le résultat obtenu pour la période 1996-2005 (le vert représente un accroissement de la population, jaune est stable, et le rouge représente une décroissance) :



Pour en revenir à mon questionnement original sur les annonces gouvernementales de nouvelles infrastructures et autres investissements « créateurs d'emplois »; pourquoi ce phénomène se produit-il?

À première vue, il semblerait que les régions soient essentiellement surreprésentées politiquement par rapport à leur véritable poids démographique. Regardez les quelques exemples sur le tableau suivant :


Il est clair que, avec seulement 66 % de la taille moyenne des districts électoraux Quebecois, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et Iles-de-la-Madeleine obtiennent près de 40 % plus de représentation que ce que justifie leur population.

Cette surreprésentation cause un phénomène politique particulier; les régions deviennent les endroits parfaits pour investir des dollars de marketing électoral. Bien que ces régions furent les moteurs économiques du passé, il est maintenant moins évident que, dans une économie du savoir, elles puissent encore rester compétitives. Les ressources humaines qualifiées sont plus rares vu la non-proximité des universités, les infrastructures coutent plus cher à maintenir puisqu'elles servent un plus mince bassin de population, les synergies inter-compagnies sont moins évidentes, etc.

Bien entendu, il y a toujours des justifications importantes à vouloir exploiter les ressources naturelles qui se trouvent dans tous les coins du Québec. Mais le marché lui-même pourra s'en occuper lorsque les prix internationaux le dicteront.

Pour éviter de voir le gouvernement intervenir pour générer de l'emploi artificiellement la ou le marché et la population a deja parlé, il me semble logique de reformer la carte électorale pour refléter la vraie nature du Québec telle quelle est et telle qu'elle évolue en 2008. Cela implique une représentation politique des régions proportionnelle à leur poids démographique qui diminue.

Le changement sera aussi le bienvenue d'un point de vue démocratique.


Sources:
http://en.wikipedia.org/wiki/Quebec_general_election%2C_2007

La carte electorale vient du site Web "Affaires municipales et Régions Québec" (http://www.mamr.gouv.qc.ca), ou j'ai coloré les MRCs.

La premiere carte est une adaptation de: Statistics Canada, 2007, Population and Dwelling Counts - 2006 Census, Catalogue no. 97-550-XIE, page 43.

Electoral districts population from Directeur General Des Elections du Quebec (2007). Averages are the author's calculations.

Thursday, January 03, 2008

1% GST reduction, a mistake... which can be repaired

It was predictable; the Harper government announced that the 1% GST reduction would become effective as of January 2008. Even though this policy is widely regarded as less desirable than an equivalent income tax reduction, it would be hard to blame the Conservatives for it as it was one of their electoral pledges.

So, in the hope that the electorate will think about it twice before voting for such a policy next time, here is the most elegantly simple explanation that I could find. It is coming from Greg Mankiw, economics professor at Harvard University (http://www.blogger.com/profile/18161221774770492266)



« If we are looking at the decision to work today in order to consume today, consumption and income taxes have similar effects. Both discourage work effort.

Consider, however, another margin of adjustment: Work today in order to save and consume in the future. Let's continue with Daniel's example of a 50 percent tax rate. Suppose that the interest rate is 7 percent, so $1 saved today becomes $2 in 10 years.

With income tax: 1 hr work --> $16 pre-tax --> $8 post-tax --> $16 of savings in 10 years --->$4 more in income taxes on the interest--> $12 of chocolate cake, video games, and Red Sox tickets.

With consumption tax: 1 hr work --> $16 pre-tax --> $32 of savings in 10 years --> $16 of chocolate cake, video games, and Red Sox tickets + $16 of tax.

So under a consumption tax, there is a greater incentive to work and save today in order to consume in the future.

(...)

The bottom line: Both consumption taxes and income taxes discourage work, but income taxes discourage saving as well.»
Source : http://gregmankiw.blogspot.com/2006/06/consumption-vs-income-taxation.html


Worse, we are currently in a period of weak personal savings and of increasing consumption-related personal debt. If the U.S. should experience an economic slowdown in 2008 and a continuation of the liquidity crunch, the weak personal savings level in Canada would not allow consumers to reach for their "nest egg" to fuel further consumption. This, in return, would likely increase chances of an economic slowdown here as well.
Could something be done to correct this unfortunate policy decision of the current government?
Fortunately, yes. We would need Monique-Jerome Forget, Québec's finance minister, the integrate this 1% GST rebate to add it to Quebec's PST. For consumers, there would be no immediate impacts as prices of product sand services bought in Québec would not change.

This additional 1% would represent more than 1 billion dollars extra in Québec's budget. This would allow the option of either reduce the income taxes by the same amount or to invest it in the Generation Fund for the eventual purpose of debt reduction. Note that I did not even suggest that it could be used as part of the operational budget as I believe this would be an even greater mistake.

Some would argue that any tax reduction is good, wherever it is coming from. It is a view which lack, er... vision! In a stable and long-term perspective, Canada should progressively move towards income tax reduction and a raise of consumption taxes.

Now, I hear some object that consumption taxes are regressive and that its elimination improves the lot of the poorest among us. Well, in the short-term, maybe (although the GST is not applied to most of the basic consumption items). However, similar income tax progressiveness adjustments can be applied to consumption taxes.

The point is to be able to separate short term impacts (political, social and economical) from those, beneficial, that a sound fiscal policy will provide. For the result-based political observer, that is the bottom line and should be the goal in this specific case.

I'm leaving you with a few links to comments from various economists and other pundits on this topic:

http://worthwhile.typepad.com/worthwhile_canadian_initi/2007/10/the-federal-gov.html
http://www.cbc.ca/story/canadavotes2006/national/2005/12/01/gst-reac051201.html
http://globeinvestor.com/servlet/story/RTGAM.20071024.wgstt1024/GIStory/
http://www.asdeq.org/activites/comite-politiques-publiques/pdf/2007/reduction_de_la_tps.pdf

Wednesday, January 02, 2008

Baisse de TPS de 1%, une erreur... réparable.

C’était à prévoir; le gouvernement Harper a annoncé que la réduction de 1 % de TPS sera effective à partir du 1er janvier 2008. Malgré le fait que cette politique soit économiquement moins préférable qu’une baisse d’impôt équivalente, il est difficile d’en blâmer les Conservateurs puisque c’était une promesse électorale.

Donc, en espérant que l’électorat y pense un peu plus longuement la prochaine fois, voici l’explication la plus simple que j’ai pu trouver. Elle nous vient du prof d’économie EC10 de l'Université de Harvard, Greg Mankiw (http://www.blogger.com/profile/18161221774770492266).

(Ma traduction):
« Si nous considérons la décision de travailler aujourd’hui pour consommer le jour même, une taxe à la consommation est essentiellement équivalente à un impôt sur le revenu.

Par contre, si l’on considère un scénario légèrement différent : travailler aujourd’hui pour consommer plus tard. Si on prend l’exemple suivant, en assumant un salaire horaire de $16, un niveau de taxation de 50 % et un taux d’intérêt à 7 % ou $1 épargné aujourd’hui atteindra $2 dans 10 ans.

Avec une taxe sur le revenu : 1 heure de travail donne $16, auquel 50 % d’impôts sont prélevé. Ce qui nous laisse $8. En l’investissant pendant 10 ans, $4 de plus seront perçus sur le gain en capital, laissant un montant total net pour la consommation de $12.

Avec une taxe a la consommation : 1 heure de travail donne toujours $16 et comme il n’y a plus d’impôt sur le revenu, notre $16 investi sur 10 ans nous laissera un montant total de $32. De ce montant, $16 (50 %) iront a la consommation et $16 pour payer la taxe.

Donc, avec une taxe à la consommation, l’incitatif est plus grand pour économiser pour la consommation future.

Finalement, si les deux types de taxation découragent le travail également, les impôts sur le revenu ont l’effet additionnel de décourager l’économie. »


Source : http://gregmankiw.blogspot.com/2006/06/consumption-vs-income-taxation.html

Pire, nous sommes actuellement dans une période de très faible niveau d’économie personnelle, et d’endettement croissant. S’il y avait un ralentissement économique aux États-Unis en 2008 et une continuation de la crise des liquidités, le faible niveau d’économie personnelle canadienne ne permettrait pas aux consommateurs d’aller chercher d’argent dans leur « bas de laine » pour consommer, ce qui augmente les chances d’un ralentissement ici aussi.


Y aurait-il quelque chose à faire pour corriger cette politique malencontreuse du gouvernement actuel?
Heureusement oui. Il faudrait que la ministre Monique-Jerome Forget récupère immédiatement ce 1 % de TPS et l’ajoute à la TVQ. Pour le consommateur, l’effet net immédiat serait nul; les produits et services achetés aux Québec ne seraient pas plus chers.

Ce 1 % représenterait plus d’un milliard de dollars de plus dans le budget du Québec. Ce qui offre l’option de réduire l’équivalent en impôts aux Quebecois ou de l’investir dans le fond des générations pour une réduction éventuelle de la dette. Notez que je n’ai même pas suggéré son utilisation pour les dépenses courantes du gouvernement, ce qui serait une erreur à mon avis.

Certains argueront qu’une réduction du fardeau fiscale, peu importe sa provenance, est la bienvenue. C’est une vision à trop court terme. Dans une perspective stable et à long terme, le Canada devrait se diriger vers une diminution de l’impôt et une augmentation des taxes a la consommation.

J’entends aussi certain m’affirmer qu’une taxe a la consommation est régressive et que son élimination améliore le sort des plus pauvres. À court terme, peut-être (bien que la TPS ne s’applique pas sur les produits de consommation de base). Mais les mêmes ajustements qui existent pour l’impôt peuvent s’appliquer pour les taxes à la consommation.

L’idée est de séparer les effets à court terme (politique, sociaux et économiques) de ceux, bénéfiques, a long terme. Ce devrait être, dans le cas présent, l’objectif de l’observateur politique à la recherche de résultats.

En fin, je vous laisse avec quelques commentaires variés d’économistes, de fiscalistes et autres intervenants à ce sujet:

http://worthwhile.typepad.com/worthwhile_canadian_initi/2007/10/the-federal-gov.html

http://www.cbc.ca/story/canadavotes2006/national/2005/12/01/gst-reac051201.html

http://globeinvestor.com/servlet/story/RTGAM.20071024.wgstt1024/GIStory/


http://www.asdeq.org/activites/comite-politiques-publiques/pdf/2007/reduction_de_la_tps.pdf