Wednesday, January 02, 2008

Baisse de TPS de 1%, une erreur... réparable.

C’était à prévoir; le gouvernement Harper a annoncé que la réduction de 1 % de TPS sera effective à partir du 1er janvier 2008. Malgré le fait que cette politique soit économiquement moins préférable qu’une baisse d’impôt équivalente, il est difficile d’en blâmer les Conservateurs puisque c’était une promesse électorale.

Donc, en espérant que l’électorat y pense un peu plus longuement la prochaine fois, voici l’explication la plus simple que j’ai pu trouver. Elle nous vient du prof d’économie EC10 de l'Université de Harvard, Greg Mankiw (http://www.blogger.com/profile/18161221774770492266).

(Ma traduction):
« Si nous considérons la décision de travailler aujourd’hui pour consommer le jour même, une taxe à la consommation est essentiellement équivalente à un impôt sur le revenu.

Par contre, si l’on considère un scénario légèrement différent : travailler aujourd’hui pour consommer plus tard. Si on prend l’exemple suivant, en assumant un salaire horaire de $16, un niveau de taxation de 50 % et un taux d’intérêt à 7 % ou $1 épargné aujourd’hui atteindra $2 dans 10 ans.

Avec une taxe sur le revenu : 1 heure de travail donne $16, auquel 50 % d’impôts sont prélevé. Ce qui nous laisse $8. En l’investissant pendant 10 ans, $4 de plus seront perçus sur le gain en capital, laissant un montant total net pour la consommation de $12.

Avec une taxe a la consommation : 1 heure de travail donne toujours $16 et comme il n’y a plus d’impôt sur le revenu, notre $16 investi sur 10 ans nous laissera un montant total de $32. De ce montant, $16 (50 %) iront a la consommation et $16 pour payer la taxe.

Donc, avec une taxe à la consommation, l’incitatif est plus grand pour économiser pour la consommation future.

Finalement, si les deux types de taxation découragent le travail également, les impôts sur le revenu ont l’effet additionnel de décourager l’économie. »


Source : http://gregmankiw.blogspot.com/2006/06/consumption-vs-income-taxation.html

Pire, nous sommes actuellement dans une période de très faible niveau d’économie personnelle, et d’endettement croissant. S’il y avait un ralentissement économique aux États-Unis en 2008 et une continuation de la crise des liquidités, le faible niveau d’économie personnelle canadienne ne permettrait pas aux consommateurs d’aller chercher d’argent dans leur « bas de laine » pour consommer, ce qui augmente les chances d’un ralentissement ici aussi.


Y aurait-il quelque chose à faire pour corriger cette politique malencontreuse du gouvernement actuel?
Heureusement oui. Il faudrait que la ministre Monique-Jerome Forget récupère immédiatement ce 1 % de TPS et l’ajoute à la TVQ. Pour le consommateur, l’effet net immédiat serait nul; les produits et services achetés aux Québec ne seraient pas plus chers.

Ce 1 % représenterait plus d’un milliard de dollars de plus dans le budget du Québec. Ce qui offre l’option de réduire l’équivalent en impôts aux Quebecois ou de l’investir dans le fond des générations pour une réduction éventuelle de la dette. Notez que je n’ai même pas suggéré son utilisation pour les dépenses courantes du gouvernement, ce qui serait une erreur à mon avis.

Certains argueront qu’une réduction du fardeau fiscale, peu importe sa provenance, est la bienvenue. C’est une vision à trop court terme. Dans une perspective stable et à long terme, le Canada devrait se diriger vers une diminution de l’impôt et une augmentation des taxes a la consommation.

J’entends aussi certain m’affirmer qu’une taxe a la consommation est régressive et que son élimination améliore le sort des plus pauvres. À court terme, peut-être (bien que la TPS ne s’applique pas sur les produits de consommation de base). Mais les mêmes ajustements qui existent pour l’impôt peuvent s’appliquer pour les taxes à la consommation.

L’idée est de séparer les effets à court terme (politique, sociaux et économiques) de ceux, bénéfiques, a long terme. Ce devrait être, dans le cas présent, l’objectif de l’observateur politique à la recherche de résultats.

En fin, je vous laisse avec quelques commentaires variés d’économistes, de fiscalistes et autres intervenants à ce sujet:

http://worthwhile.typepad.com/worthwhile_canadian_initi/2007/10/the-federal-gov.html

http://www.cbc.ca/story/canadavotes2006/national/2005/12/01/gst-reac051201.html

http://globeinvestor.com/servlet/story/RTGAM.20071024.wgstt1024/GIStory/


http://www.asdeq.org/activites/comite-politiques-publiques/pdf/2007/reduction_de_la_tps.pdf