Quand on y pense, ne serait-il pas extrêmement surprenant que la totalité des mesures possibles de réduction de CO2 ait une incidence négative sur l’économie? (C.-à-d. coûteraient plus cher que la valeur des bénéfices qu’elles apportent). Ne serait-il pas bénéfique d’essayer d’identifier les coûts associés à de telles mesures?
En fait, Vattenfal, une compagnie suédoise dans le domaine de la production d’énergie, s’est précisément attelée à cette tâche. Il semble que les résultats soient encourageants; plusieurs initiatives pourraient être mises en place à un coût économique négatif, tout en ayant des effets environnementaux bénéfiques. C'est-à-dire, dans le cas ou elles seraient adoptées, ces mesures augmenteraient la croissance économique.
Observez le graphique ci-bas (un « cost of abatement» négatif est indicatif d’une mesure qui non seulement réduirait les émissions de CO2, mais aurait des impacts économiques positifs)
Source: http://www.vattenfall.com/www/ccc/ccc/569512nextx/573859globa/574118cost/index.jsp
A la lumière de cette investigation, il me semble qu’une grande partie de l’opposition nord-américaine à la réduction des émissions de CO2 tient plus du discours idéologique borné à saveur non interventionniste plutôt que de s’en tenir à une analyse économique rationnelle. Pour l’esprit ‘basé résultat’, cette position est difficile à soutenir. Si les gouvernements, plutôt que d’en faire des débats idéologiques, considéraient les mesures proposées strictement d’un point de vue économique et accélérait le processus d’approbation sur cette base, n’aurions-nous pas une situation gagnante pour tous?
Le magazine The Economist avait ce qui suit à dire au sujet de la recherche de Vattenfal: (traduction libre):
"Les économistes préfèrent généralement éviter l’imposition de règle qui spécifie ce que les compagnies doivent produisent et comment elles doivent le faire, parce que l’allocation des ressources requiert alors une intervention des gouvernements plutôt que du marché, ce dernier étant plus efficace. Mais si, comme dans ce cas, le bien privé et public est en cause et que le marché ne semble pas faire son travail, il y a justification pour que le gouvernement lui donne un coup de pouce. » (The Economist, 2 juin 2007, Page 9)
Bien que je n’aie pu trouver d’article qui aurait reproduit les investigations de Vattenfall pour le Canada, voici une étude conjointe Conference Board/McKinsey qui offre les détails pertinents à l’économie américaine :http://www.mckinsey.com/clientservice/ccsi/greenhousegas.asp
Ce qu’ils ont trouvé est surprenant : « 40 % des réductions identifiées pourraient générer des bénéfices nets pour l’économie ». Ils ajoutent : « Ces bénéfices peuvent, en grande mesure, compenser pour la presque totalité de la balance des coûts du capital, opération et maintenance ». Bien que cela constitue d’excellentes nouvelles en soit, je ne mettrai pas l’emphase sur cette dernière affirmation puisque certains pourraient arguer que l’argent épargné pourrait être investi ailleurs en attendant que l’on obtienne confirmation des « véritables impacts » du réchauffement planétaire (je laisse le travail au lecteur de déterminer la quantité de recherche supplémentaire nécessaire pour qu’elle soit considérée ‘suffisante’).
Sur la base des conclusions des rapports Vattenfall et McKinsey, il semble que, à court terme, un cadre législatif gouvernemental doit être proposé. Et puisque la plupart des mesures investiguées dans ces rapports et ayant des effets économiques positifs ont déjà été codifiées et standardisées (et les technologies sont disponibles aujourd’hui), comme l’efficacité dans l’éclairage, l’électronique, les véhicules routiers et la construction résidentielle, c’est maintenant le temps de rendre ces standards effectifs.
À quoi tout ceci pourrait bien ressembler en terme concret? Par exemple, ça pourrait impliquer le bannissement des produits électroniques non Energy Star, l’adoption de code de constructions immobilières plus strictes. Dans le marché automobile, on verrait l’imposition de standards de consommation d’essence plus sévère.
Par contre, plus que la volonté politique, je crois que ce qui manque le plus est que les idéologues prennent un peu de recul et se demandent a quoi ils s’opposent réellement…